(Extrait)
Rire, c’est déjà guérir!
C’est bien connu, le rire tue ! Au figuré, bien sûr, mais aussi au propre : l’histoire retient en effet plusieurs cas de personnes foudroyées par un fou rire. Mais le rire, surtout, soulage, apaise, soigne.
Dans une société où les infos déversent leur lot quotidien d’images de guerres, de pollution, de vaches folles, de débâcles financières, comment ne pas céder parfois à la déprime, ne pas péter les plombs ? Et là encore, on ne mentionne pas le stress du boulot, les caprices de la météo, les marmots du locataire du dessus qui roulent en trottinette sur le parquet en bois ou les salaires pharaoniques des directeurs des grandes compagnies nationales. Y’en a maaaaare !
Dès lors, comment s’étonner que les maladies – et les cotisations – augmentent ?
Se gondoler, se poiler, se boyauter, c’est s’offrir une thérapie gratuite. D’aucuns affirment en effet que le rire participe activement au processus de guérison. D’un point de vue physiologique, il libère les endorphines aux vertus anti-douleur, calmantes ou euphorisantes, augmente la ventilation des poumons, diminue la pression artérielle, masse les viscères (favorisant ainsi le fonctionnement du foie et des intestins) et détend la musculature. Rien que ça !
Certains – dont des éminents docteurs ! – organisent même des séminaires de rire ; les clowns se multiplient dans les hôpitaux. Dans les conseils d’administration aussi, mais ça, c’est un autre sujet. Maintenant que des neurologues prétendent avoir localisé la portion du cerveau impliquée dans le rire, il est permis d’imaginer sa stimulation pour déclencher l’hilarité artificielle. Fera-t-on bientôt sa séance quotidienne à la pause de 9 heures ?
D’ici là, pourquoi ne pas exiger le remboursement des spectacles comiques – voire l’abonnement au Festival du Rire de Montreux – aux caisses maladie ? Quoi de plus efficace dans la quête du bien-être qu’une cure de sept jours de rire intensif? D’autant plus que la dose d’humoristes est cette année particulièrement exagérée : Montreux n’a plus prescrit pareille ordonnance depuis belle lurette.
C’est d’ailleurs dans le but de contaminer un maximum de monde que le festival émigrera le temps de deux spectacles à l’Auditorium Stravinsky, quand il n’investira pas carrément les rues.
Dieu merci, le rire est contagieux. Dommage, toutefois, qu’il ne s’achète pas en tablettes. Car on pourrait en délivrer par quintaux : aux malades, aux politiciens, aux décideurs de la globalisation, aux dictateurs et à tous ceux qui se prennent trop… au sérieux. Et le monde, sans doute, tournerait un peu mieux.