On a fait le marché sur la lune
Le 20 juillet 1969, Neil Armstrong posait le pied sur la lune. Trente ans plus tard, des parcelles de l’astre se vendent par milliers sur l’Internet. Anniversaire du vol historique et future éclipse oblige, les acheteurs se sont bousculés au portillon, ces dernières semaines. Après avoir marché sur la lune, on fait son marché sur la lune.
« Ces derniers jours, nous avons reçu plus de 300 commandes quotidiennes. Or, dans un bon jour, on en dénombre une huitantaine. » Peer Schmitz, de Hostnet exulte. Sa société de services Internet, basée à Lausanne, provider pour l’ambassade lunaire (Lunar Embassy) créée par l’Américain Dennis Hope, voit ses serveurs occupés comme jamais. Il faut dire que ces derniers temps, la lune fait la (l)une de l’actualité. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter, puisqu’elle sera l’actrice principale de l’éclipse du 11 août. Témoignage : « La récente découverte d’eau sur la lune par la NASA a déclenché une vague d’acheteurs immédiate. Idem lorsque Pathfinder a atterri sur Mars. A chaque événement spatial, les ventes augmentent de façon exponentielle. »
Vous prendrez bien un morceau ?
La lune, mais aussi Mars, Venues et depuis peu Iho (la lune de Jupiter) figurent sur le catalogue de la Lunar Embassy. Contre la modique somme de 15,99 dollars à 19,99 dollars, payable par carte de crédit, l’acquéreur reçoit un certificat de propriété d’une parcelle de 2000 hectares, ainsi qu’une charte et un plan de sa parcelle. Parmi les propriétaires de 117 pays – certains viennent d’aussi loin que Bornéo – on trouve des employés de la NASA, des avocats, des acteurs (Patrick Swayze) et même deux présidents des États-Unis (Reagan et Carter). En tout, quelque 55’000 parcelles ont trouvé preneur.
Implantée en Californie depuis 16 ans, l’ambassade lunaire dispose de sept sites de 36 pages chacun sur le réseau des réseaux. Chacun d’entre eux propose des liens vers d’autres sites, homepages sans grand intérêt ou sites officiels, consacrés à tout ce qui se situe au-dessus de l’atmosphère, ainsi qu’un descriptif des lois actuelles relatives à la propriété dans l’espace, notamment. Mais le but premier de cette organisation reste de vendre un maximum de parcelles et de gadgets (on peut tout acheter, du t-shirt au kit pour reconnaître… un extraterrestre !), tout en revendiquant la liberté des Terriens de se porter acquéreurs d’une partie du système solaire. Assistera-t-on bientôt un nouvel exode ?