Votre entreprise perd des clients quand elle néglige son contenu
Non seulement un contenu de piètre qualité compromet sérieusement l’image de votre entreprise, mais il vous fait aussi perdre des clients. Voici quelques conseils pour que vos propres textes ne soient pas les meilleurs ambassadeurs… de la concurrence!
Imaginez la scène. Vous vous rendez dans un cabinet dentaire pour soigner une carie. Les sols de l’établissement n’ont pas été lustrés depuis des semaines. Le dentiste, les ongles noircis par la saleté, vous accueille en débardeur et en tongs. Sur ses instruments, des vestiges d’aliments vous laissent deviner le contenu du repas du patient précédent.
Auriez-vous vraiment envie de confier votre santé buccale à ce professionnel qui se fiche de son apparence et de son hygiène? Sans doute pas.
J’exagère, d’accord. Cela dit, de nombreuses entreprises transmettent la même mauvaise impression que ce cabinet dentaire fictif. Rien à voir avec l’hygiène: il s’agit d’une question d’apparence. Et plus précisément de contenu déplorable.
L’habit ne fait pas le moine, me direz-vous! Faux. Très faux. Sur internet, il fait non seulement le moine, mais l’abbé, l’évêque et la nonne en même temps.
Démonstration sur le site d’un important groupe de courtage en assurances de Suisse romande. Je cite, en ouvrant bien grand les guillemets.
«Chaque année, 50000 véhicules disparaissent! C’est le journal le Blick qui nous informe sur les 300000 véhicules retirés de la circulation chaque année en Suisse. Sur les 300000 véhicules détruits ou exportés, un certain nombre disparaît du circuit normal mystérieusement. Selon le Blick, 50000 véhicules disparaissent chaque année, des véhicules de particuliers qui n’ont été ni exportés et encore moins détruits dont le permis de circulation a toutefois été annulé. Que deviennent ces véhicules représentant environ 1% des 5,6 millions des véhicules immatriculés?»
Vous avez bien compté: le mot véhicule est répété sept fois dans un paragraphe totalisant 5 phrases et 95 mots. Un authentique exploit!
Le rédacteur de l’entreprise ne possède manifestement pas de dictionnaire des synonymes sous son capot.
S’il ne s’agissait que d’une pauvreté de vocabulaire, passe encore. Or, plus loin dans l’article, la prose se veut encore plus indigeste. Extrait: «L’on parle également d’exportations de véhicules par conteneurs, bien même qu’il est interdit d’envoyer des véhicules ou des pièces automobiles par ce biais.»
Tant «L’on parle» que «bien même que» sont des erreurs grotesques de français. On écrit plutôt : «On parle» et «Quand bien même».
Et le carnage continue dans la majorité des billets de blog du site, à quelques exceptions près.
Un indépendant ou une petite entreprise qui maltraite sa communication, passe encore. Pour une société plus importante, c’est tout simplement inadmissible.
Un indépendant ou une petite entreprise qui maltraite sa communication, passe encore: il est toujours permis d’invoquer le manque de temps, de compétences ou de ressources.
Mais pour une société plus importante, c’est tout simplement inadmissible. Loin de moi l’intention de fustiger cette entreprise en particulier (d’autant qu’il en existe de nombreuses autres dans le même cas), mais j’avoue avoir de la peine à comprendre et à accepter ce manque de respect envers ses lecteurs.
De même, dans certains domaines d’activités, la boucherie orthographique, la barbarie grammaticale et le génocide stylistique peuvent être tolérés.
En effet, on n’attend pas d’un plombier, d’un agriculteur ou d’un menuisier qu’ils maîtrisent la langue de Molière comme ils manient leurs outils. Cela dit sans dénigrer d’aucune façon ces professions ou ceux qui les pratiquent.
Les textes insipides et truffés de fautes résonnent comme une ode au je-m’en-foutisme.
Par contre, dans d’autres secteurs, les textes insipides et truffés de fautes résonnent comme une ode au je-m’en-foutisme. C’est le cas dans le mien – la com et la rédaction – notamment. Et j’avoue que je n’échappe pas, tant s’en faut, aux coquilles régulières!
C’est le cas aussi dans la banque, la loi ou les assurances, secteurs dans lesquels les visiteurs s’attendent à du contenu tiré à quatre épingles. Ou, s’ils sont particulièrement tolérants, trois.
Quelles sont les conséquences de cette indolence rédactionnelle? Inconsciemment, l’être humain normalement constitué dresse un lien direct entre l’apparence et la qualité du service. De même, il établit une corrélation entre la qualité du contenu rédactionnel d’une entreprise (site internet, brochure, newsletter, etc.) et la qualité de ses prestations.
Grosso modo, le raisonnement est le suivant: si cette entreprise ose présenter un contenu de piètre qualité, c’est qu’elle se moque de sa propre présentation. Et si elle méprise sa présentation, soit elle néglige ses clients, soit elle souffre d’une totale incompétence.
Quelques conseils pour améliorer vos articles
- Avant de rédiger, notez les synonymes de votre mot clé afin d’enrichir votre univers sémantique. Pour véhicule, il y a voiture, auto, mais aussi bolide, berline, caisse, bagnole, teuf.
- Si vous vous trouvez à court de synonymes, recourez aux pronoms. Par exemple: « Mon véhicule a disparu. Hélas, mon véhicule n’était pas assuré en casco complète. » devient « Mon véhicule a disparu. Hélas, il n’était pas assuré en casco complète. »
- Réduisez la taille de vos paragraphes, en liant deux phrases de façon à n’en former plus qu’une seule.
- Ne répétez pas une info que vous avez déjà donnée, à moins que vous souhaitiez vraiment insister sur un point.
- Passez votre texte au correcteur. C’est comme se brosser les dents avant de se coucher : on élimine pas mal de résidus !
- Ne confiez pas la rédaction de vos textes à des scribouillards contactés sur des plateformes de freelances, rémunérés quelques centimes par mot ou quelques francs par article. Le (trop) bon marché finit toujours par (très) mal marcher!
Clos, le chapitre des récriminations, avertissements et considérations. Passons à la phase de la mise en pratique. Voilà donc ma suggestion, si je devais réécrire le paragraphe du texte incriminé plus haut.
« Chaque année, 5’000 voitures et utilitaires de particuliers disparaissent en Suisse, selon le journal Blick. Contrairement aux 30’000 véhicules annuels détruits, exportés ou interdits de bitume, ceux-ci se volatilisent mystérieusement sans laisser de traces. »
C’est quand même plus court, plus punchy et nettement moins indigeste, vous ne trouvez pas?
Conclusion: en affaires, il est impératif de soigner l’apparence de votre entreprise. Cette dernière, sur internet, passe d’abord par le contenu rédactionnel et le design de votre site.
Soyez donc vaniteux: pomponnez, brossez, recouvrez, redessinez, hydratez. Bref, mettez vos textes sur leur trente-et-un!